Dans la région de Toraja, au sud de Sulawesi, des rituels funéraires très inhabituels et uniques ont lieu. Ces pratiques sont exclusives à la région et sont enracinées dans la croyance selon laquelle lorsqu’une personne décède, elle est d’abord considérée comme souffrant d’une fièvre plutôt que d’être déclarée décédée.

Pour les Toraja, le concept de mort tel que nous le concevons habituellement n’existe pas. Au contraire, ils conservent les corps des défunts dans leurs maisons pendant des semaines, voire des mois, et les traitent comme s’ils étaient encore en vie. Les membres de la famille interagissent naturellement avec le défunt en lui parlant, en lui offrant de la nourriture et même des cigarettes. Pour conserver les corps, on utilise du formaldéhyde, qui arrête le processus de décomposition et permet leur momification. Ces corps conservés sont gardés dans des pièces bien ventilées de la maison afin d’éviter toute odeur désagréable.

La création d’une statue réaliste

Conformément à cette croyance, ils fabriquent une statue en bois représentant fidèlement le défunt, dont les artisans façonnent minutieusement les cheveux à partir de fibres d’ananas. Un sculpteur accompli recrée minutieusement la statue, qui joue un rôle central dans la cérémonie à venir. Après le cérémonial, ils placent la statue dans la tombe aux côtés du défunt.

Sacrifices d’animaux pour l’au-delà

Une fois la statue achevée, ils entament une cérémonie impliquant le sacrifice d’animaux. Ce rituel vise à aider les défunts dans leur voyage vers l’au-delà, connu sous le nom de Puya, le paradis des Toraja. Les porcs et les buffles constituent la majorité des animaux sacrifiés. Dans certains cas, des villages construits sur mesure accueillent de nombreux invités de la région qui se réunissent pour assister à cet événement extraordinaire.

Avant le début de la cérémonie, ils hébergent, lavent, habillent et exposent publiquement le corps du défunt. Ils présentent des offrandes de nourriture juste avant d’entamer le premier festin funéraire, symbolisant le passage de la vie à la mort.

La cérémonie se déroule, transformant le cœur du village en un abattoir symbolique où le nombre de sacrifices peut varier. Ils utilisent des machettes pour mettre rapidement fin à la vie des animaux sacrifiés. Ils croient notamment que la façon dont le buffle tombe après avoir été sacrifié prédit les futures récoltes. Ils collectent soigneusement le sang de ces animaux, le font cuire et le consomment au cours de la cérémonie, en le transportant généralement dans des récipients en bambou.

Transition vers la joie

Une fois les sacrifices, les offrandes, les chants et les danses terminés, ils croient que l’âme monte au ciel. C’est pourquoi ce rituel funéraire de Toraja est si particulier : l’atmosphère change radicalement, les porteurs de cercueils et le cortège deviennent joyeux et se livrent à des activités telles que des sauts, des lancers d’objets et des réjouissances. La tristesse n’a plus sa place dans cette célébration.

Gardiens du village et des dernières demeures

Ils placent ensuite le cercueil sur le flanc de la montagne qui surplombe le village, où il devient un observateur bienveillant. Les cercueils sont ensuite placés dans une grotte, suspendus le long d’une falaise ou placés dans des cavités creusées dans la roche. Selon les croyances Toraja, les enfants décédés en bas âge sont considérés comme dépourvus d’âme et sont placés dans le tronc de grands arbres, où ils peuvent grandir et finir par atteindre le ciel.

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